Show description

Même au plus fort de l’été, quand les températures grimpaient jusqu’à quarante degrés, quand l’asphalte du Paradise Isle Boulevard ressemblait à une mer noire mouvante qui inquiétait jusqu’aux ibis. Mme Baxter avait beau prévenir les propriétaires des chattes que son étalon ne tenait pas ses promesses lors de telles canicules, ils venaient tout de même, profitant de leurs vacances et espérant qu’Edward succomberait aux charmes de Baby Lilac, Honey, Darling Di ou Sue Sweet. Edward cédait parfois par complaisance et pour retrouver la paix de sa chambre, mais reprochait à Mme Baxter de lui imposer ces femelles en détresse.

Les soldats de la Wehrmacht paient ce qu’ils achètent ! Avec des marks tout neufs. Des bas par douzaines ! J’ai bien fait de revenir. La boutique de la place Maubert est aussi achalandée ; les souris adorent nos chaussures. — Ce ne sont pas des souris pour toi, Mistigri, avait dit Rachel en caressant Edward. Louis parle des secrétaires allemandes qui viennent de s’installer ici. Leur uniforme est si triste ! Et leur bonnet ; j’ai honte pour la modiste qui a dessiné cette coiffure. — C’est pratique, avait rétorqué le commerçant.

Oui, elle ne vivait que pour son métier et ne semblait guère souffrir de la solitude. Elle était même restée à Paris, refusant d’abandonner son atelier de la rue de Turbigo. — Louis ? avait demandé Rachel. Nous y allons ? Il ne nous reste qu’une heure avant le couvre-feu. Louis Bourget avait acquiescé, se résignant à continuer à parler de bérets, de bonnets, de bibis, de coiffes et de capelines. — Mistigri, laisse M. Louis tranquille. Edward avait obéi et s’était réfugié sous le canapé, sans cesser toutefois de fixer les grosses chaussures du visiteur.